Merci à Clarissa Rivière de son accord pour publier ici son article, pour aider les auteurs à savoir comment aborder le BDSM dans leurs romans de manière safe.
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Par Clarissa Rivière
Mercredi dernier, j’ai participé au dîner-débat mensuel de l’association PariS-M sur le thème de la sécurité :
« En Mai, fais ce qu’il te Play… mais fais le bien !!!!!
Des Jeux de toutes sortes, oui, oh oui !!!
Mais comment faire ? Comment jouer en sécurité et sainement ? »
C’était passionnant, une dominatrice expérimentée et un médecin sont intervenus et ont répondu à toutes les questions. J’ai pris quelques notes, pour vous concocter un article sérieux, pour une fois !
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Les pratiques bdsm sont avant tout des jeux consensuels, négociés, sains et sûrs, entre adultes consentants. Avant une séance, bien parler avec son partenaire, instaurer un climat de confiance, prévoir un safeword pour tout arrêter.
Il existe quatre niveaux de jeu :
— Les jeux à peine SM, pour pimenter les ébats : fessées, pincements, mordillements… sans scénario, ni accessoires.
— Les jeux SM léger : on utilise des liens, des pinces, il y a des contraintes, des scénarios basiques du type « punition » …
— Les jeux SM moyen/classique : les scénarios se complexifient : maître/esclave, on utilise plus d’instruments, des pratiques insolites font leur apparition : bougies, orties, tierce personne, humiliations, uro…
— Les jeux SM hard ou SM limite : le sang peut couler, pratiques d’étouffement, de noyade, marquage, électricité, scatologie, zoophilie (attention, illégal en France et dans de nombreux pays)…
Il y a des règles de sécurité et d’hygiène à respecter selon les pratiques :
Les jeux d’impact (martinet, cravache, fouet…)
— Éviter de frapper les reins, le visage, les yeux en particulier.
— Désinfecter la peau du soumis ou de la soumise ensuite en cas de plaies visibles
— Bien se laver les mains avant de jouer avec un autre partenaire. Les solutions hydroalcooliques ne suffisent pas, il faut se laver les mains avec de l’eau et du savon en cas de contact intime et présence de sécrétions et/ou souillures sur la peau.
— Désinfecter ses instruments entre deux partenaires. Il existe des sprays prévus spécialement (on peut même les mettre à tremper dans des solutions antiseptiques quand le matériel le permet et qu’il a été introduit dans des cavités anatomiques. Penser à les utiliser avec un préservatif quand c’est possible).
— Attention, le fouet peut couper. Certains changent le cracker de leur fouet à chaque partenaire.
— Ne pas frapper une peau lésée, car une blessure, même petite, est une porte d’entrée pour les germes.
— Attention aux coups de poings ou de pieds dans les parties génitales, risque de lésions importantes, dont éclatement des testicules.
— Gants de Dracula (gants hérissés de piquants) : usage unique pour une seule personne, car ça se lave difficilement.
Attention aux objets que l’on se prête et aux accessoires que les clubs mettent parfois à disposition : on ne sait pas comment ils ont été utilisés avant et s’ils ont été nettoyés.
Le BDSM peut être bucolique parfois, se dérouler en forêt par exemple. Se méfier des blessures liées aux végétaux, il y a un risque d’infection, surtout avec des branchages ramassés au ras du sol pouvant être souillés par des animaux sauvages. Choisir des végétaux en hauteur, bien désinfecter les plaies superficielles, et ne pas hésiter à aller aux urgences en cas de blessure à l’œil.
Vérifier une éventuelle allergie pour l’usage des orties par exemple, en testant sur une petite zone, attendre au moins 10 minutes pour voir s’il y a une réaction.
Le shibari
— Éviter le nerf radial (sous l’aisselle principalement), qui peut occasionner des paralysies passagères d’une partie du bras.
— Éviter les articulations (risque de compression plus important).
— Vérifier la tension des cordes, on doit toujours pouvoir glisser un doigt sous les cordes.
— Prévoir des ciseaux – ou un coupe corde – non loin pour tout couper très vite en cas de soucis.
Pour désinfecter les cordes après une séance, on peut les passer à la flamme, ou les laver (certains utilisent même le lave-linge).
Les bougies
— Éviter les bougies à la cire d’abeille, elles sont trop chaudes.
— Tester sur sa peau avant.
— Prévoir de l’eau fraiche, des glaçons non loin.
Installer une bâche pour ne pas salir le sol.
Rajouter un masque sur les yeux, pour plus de sensations et éviter les brûlures.
Attention aux bougies rouges, elles peuvent laisser du colorant sur la peau.
Les jeux d’aiguille
— Contrairement aux apparences, ils sont peu douloureux, car les aiguilles sont fines et très pointues
— Bien laver la zone de jeux avec de la Biseptine ou de la Bétadine avant.
— Mettre des gants stériles type chirurgicaux, mais il faut savoir les mettre car dès qu’on les touche, ils ne sont plus stériles.
— Planter les aiguilles horizontalement et relativement superficiellement pour éviter de toucher des nerfs ou des vaisseaux avec un risque de saignement plus important.
Les jeux électriques
— Éviter toute la partie haute, au-dessus de la ceinture (présence du cœur) pour les dispositifs puissants et pas forcément adaptés.
— L’électro stimulation type « Violet Wand » est plus douce, offre des picotements légers, aucun souci pour en faire sur tout le corps.
Le fist
— Utiliser du lubrifiant.
— Éviter de le faire à main nue, sauf si on connaît très bien son partenaire d’un point de vue sérologique, mais il y a toujours un risque infectieux, si un des deux partenaires a des plaies. Le port des gants est conseillé.
— Prendre tout son temps, y aller progressivement, ne jamais forcer, pour ne pas blesser.
— Et bien sûr se laver soigneusement les mains après les jeux… même si on a porté des gants !
Attention aux médicaments type Microlax qui peuvent irriter la muqueuse lors d’une utilisation répétée.
Insérer des objets dans l’anus n’est pas sans risque. Les urgences regorgent d’anecdotes : des personnes viennent avec des objets qu’elles n’arrivent plus à retirer et inventent des histoires pas possibles. Il faut parfois opérer hélas.
Une fois que l’objet a passé la barrière d’un sphincter, le sphincter se referme, l’objet ne peut plus revenir en arrière, on a l’impression que l’objet est attiré à l’intérieur. Bien tenir l’objet pour éviter ce phénomène « d’aspiration », ou en prévoir un avec une base large qui le retienne à l’extérieur. Les petits plugs en métal ont parfois une base trop petite, ils peuvent aussi être perdus, surtout si on a mis beaucoup de gel.
— Mettre un préservatif aux godes, gode ceinture qu’on utilise.
Les pratiques de strangulation, d’asphyxie
— Attention à ne pas écraser le larynx.
— Le faire très peu de temps et ne jamais laisser la personne seule
— En cas de malaise, de pâleur extrême et de possible malaise vagal, allonger la personne les jambes en l’air ou en position latérale de sécurité sinon.
— Si on utilise un film alimentaire : bien prévoir de faire un trou sur la bouche bien sûr.
En prévention :
— Demander aux soumis de tenir un objet, s’il tombe cela veut dire qu’il y a perte de connaissance.
— Demander à la personne de simuler une perte de conscience, pour vérifier si l’on peut se débrouiller avec son corps lourd et inerte.
— Ne pas hésiter à suivre des formations de secouriste, pour savoir mettre en PLS et faire un massage cardiaque si on s’attaque à ces jeux extrêmes.
Les jeux uro
— Si on n’a pas l’intention de boire tout de suite, mettre « le champagne » au frigo, sinon les bactéries se développent très vite, car les urines ne sont pas stériles contrairement aux idées reçues (c’est juste « stérile » dans la vessie, mais plus lorsque qu’elles ont emprunté les voies urinaires basses = le trajet de sortie habituel).
— En cas de pose d’une sonde urétrale, il faut une antiseptie importante. Bien nettoyer le méat urinaire avant l’introduction de la sonde avec de la Bétadine.
Le sang
— Éviter les « vraies » morsures jusqu’au sang : risques infectieux pour le mordu et le mordeur en fonction du contexte.
— Éviter de s’exposer au sang d’une manière générale : risques d’hépatites, de HIV…
Le marquage au fer, ou Branding
Pratique réservée aux spécialistes. Il faut maîtriser la température et le temps d’application, afin d’avoir l’effet escompté et éviter des blessures graves.
En conclusion, même si le risque zéro n’existe pas, tout est possible avec beaucoup d’attention et de communication avant ! Et que le dominant ou la dominatrice maîtrise la pratique envisagée..
Merci aux intervenants de m’avoir relue, et corrigée, avant publication !
Clarissa Rivière
Clarissa Rivière est une autrice d’érotisme publiée chez divers éditeurs dont La Musardine et L’ivre-Book principalement.
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